J’ai toujours imaginé mes dix-huit ans comme étant le moment où tout commencerait, où tout s’arrêterait.
D’une part une nouvelle vie commencerait, avec des nouvelles habitudes, des nouveaux horizons, des nouvelles rencontres.
D’autre part, tout s’arrêterait parce que je me serais séparée des personnes qui me sont très chères, qui ont fait partie de mon quotidien depuis toujours ; de ma Terre natale, le Sénégal pour une aventure qui ne peut qu’élargir mon esprit et m’ouvrir les portes d’un Monde où le savoir se trouve à chaque coin de rue.
Le jour de la majorité a sonné : en effet, j’étais bel et bien à l’étranger, plus précisément à Toulouse, à 3687 km de Dakar, 3123 km de Beyrouth, capitale du Liban, Terre de mes ancêtres, Terre de mon cœur. J’étais bien séparée des personnes qui ont comblé ma vie, cependant ma moitié qui partage cette aventure avec moi ainsi que mon père venu spécialement pour l’occasion étaient présents, ce qui est à mes yeux l’essentiel ; même s’il n’est pas au complet.
Il est impensable de parler de mes dix-huit ans sans évoquer le Liban qui à cette même date « fêtait » son 70e anniversaire d’indépendance. Les guillemets ont bien leur place dans la phrase précédente puisque cette année, les autorités ont décidé de ne pas célébrer la fête nationale en raison du siège vacant du Président de la République depuis maintenant plus de six mois, des otages militaires libanais toujours retenus.
Lorsque ma Maman m’annonça cette nouvelle à travers les articles de l’Orient le jour, une immense déception et une contrariété indescriptible s’empara de moi. Annuler la fête nationale d’un pays ? Je voyais cette célébration comme le seul lien qui unissait encore le peuple libanais qui se déchire de plus en plus tous les jours.
Je n’ai jamais vécu au Liban, mais ma passion pour la Terre des Cèdres ne cesse de grandir en moi ; grâce à ma mère que je remercie du fond de mon cœur pour m’avoir transmis son patriotisme inconditionnel.
Je pensais que le jour de mes dix-huit ans, tout allait commencer ; en effet, c’est là que j’ai ouvert les yeux. Nous sommes tous tellement fiers d’étaler nos connaissances sur les guerres mondiales, la guerre froide, le conflit en Ex Yougoslavie à la fin du XXe siècle, l’intervention brittano-américaine en Irak et j’en passe (ce qui est très important), mais concernant l’histoire de mon pays ; je ne saurais vous évoquer que quelques évènements. J’ai honte, honte de moi.
Pourquoi sommes-nous ignorants ? Il est dans notre devoir de connaitre toutes les lignes qui ont fait l’histoire de notre pays : des Phéniciens à Alexandre le Grand, de la colonisation française à l’indépendance soixante dix ans plutôt, de la guerre civile à notre situation actuelle (instable comme à son habitude, mais c’est ce qui fait son charme, non ?) Il est désormais nécessaire d’en prendre conscience afin de ne pas commettre une nouvelle fois les erreurs du passé encore fraiches dans la mémoire de nos parents et grands parents. Comment évoluer dans le cas contraire ?
Mon Liban est beau par sa mosaïque de paysages, de civilisations qui se sont enchainées les unes derrières les autres, par son peuple pluriethnique, hospitalier, passif.
Je suis tout à fait consciente du fait que je ne suis pas en mesure de changer quoi que ce soit, mais l’espoir d’un Liban uni et glorieux ne quitte pas mes pensées.
Il m’a fallu attendre dix-huit ans, dix-huit ans pour réaliser. A ce jour, je me promets de faire en sorte que l’histoire de mon pays, son système juridique n’aient plus aucun mystère pour moi en me réfugiant dans les très nombreux ouvrages prévus à cette occasion, ou en écoutant mes grands parents.
On m’a maintes fois conseillé de diversifier mes sujets de rédaction ; cependant j’écris avec mon cœur, et en ce moment même il se trouve au Liban. J’ai récemment retenu cette phrase d’un livre : « Scribere jussit amor, scripsi » la traduction latine de « l’amour m’ordonne d’écrire, j’écris ». C’est donc mon amour pour le pays des cèdres qui me fait tenir ma plume (ou plutôt mon portable) à la main.
En ce 31 décembre 2014, je vous souhaite de passer d’excellentes fêtes ainsi qu’une année merveilleuse aux côtés de ceux que vous aimez. Mes pensées et vœux vont également vers tous les enfants qui ont soufferts cette année, mais dont le sourire ne quittera jamais leurs lèvres. « Que le meilleur de 2014 soit le pire de 2015 », Bonne Année, Dewenati, سنة جديدة سعيدة Happy New Year, Feliz Ano Nuevo !